Réunion Extrême propose un historique des éruptions volcaniques du piton de la Fournaise à l’île de La Réunion depuis l’année 2000. Mais on ne pouvait pas faire un historique complet sans parler des éruptions volcaniques mémorables qui se sont produites avant l’an 2000 et qui sont restées gravées à jamais dans la mémoire des habitants.
Commençons par l’éruption volcanique de mars 1977, une éruption hors enclos de grande ampleur sur les petits villages de Bois-Blanc et de Piton Sainte-Rose de la ville de Sainte-Rose. C’est à la suite de cette éruption tragique que l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise (OVPF) a été fondée afin de l’étudier de plus près et tenir informer la population de la situation.
L’éruption volcanique du piton de la Fournaise du jeudi 24 mars au 16 avril 1977 s’était déroulée dans et en dehors de l’enclos Fouqué, côté Sainte-Rose durant 24 jours. Les fissures se trouvaient sur les flancs est et nord-est du Volcan à 2 000 et 1 500 mètres d’altitude et entre le village de Bois-Blanc et de Piton Sainte-Rose à 1 000 mètres d’altitude.
Jusqu’en début avril 1977, l’éruption qui avait commencé le 24 mars se déroulait dans l’enclos Fouqué. En revanche, à partir du 5 avril, des fissures sont apparues en dehors de l’enclos sur les hauteurs du petit village de Bois-Blanc à Sainte-Rose. La lave avait alors dévalé ses pentes en détruisant tout sur son passage pour finir sa course folle dans l’océan Indien. Seuls l’église et la gendarmerie du petit village ont été épargnées.
Continuons avec l’éruption volcanique de mars 1986, une éruption hors enclos de grande ampleur également mais du côté de Saint-Philippe cette fois-ci notamment sur le petit village du Tremblet. 4 fissures se sont ouvertes sur une ligne « droite » allant du niveau de l’océan (pointe de la Table) au cratère Dolomieu (sommet du piton de la Fournaise à 2 612 mètres d’altitude).
L’éruption volcanique du piton de la Fournaise du jeudi 20 au samedi 29 mars 1986 s’était déroulée dans et en dehors de l’enclos Fouqué, côté Saint-Philippe, durant 9 jours. Les fissures se trouvaient à l’intérieur du cratère Dolomieu à 2 500 mètres d’altitude, sur les Grandes Pentes à 1 600 mètres d’altitude, au niveau du piton Takamaka à 1 000 d’altitude et de la Pointe de la Table à 90 mètres d’altitude.
Cette éruption débutait avec la première fissure apparue au niveau du piton Takamaka produisant deux coulées de lave contournant le piton et empruntant chacune des ravines différentes, ravine Citrons Galets et ravine Takamaka. Les deux coulées avaient coupé la route nationale 2 mais uniquement celle de Citrons Galets avait atteint l’océan Indien. Pendant ce temps, de la lave avait emprunté un tunnel souterrain pour en ressortir quelques kilomètres plus bas au niveau de la Pointe de la Table et se jeter directement dans l’océan. Deux fissures produisant deux petites coulées de lave se situaient dans l’enclos Fouqué au niveau des Grandes Pentes et dans le cratère Dolomieu, sans danger, cette fois-ci, pour la population de Saint-Philippe.
Terminons avec l’éruption volcanique de mars 1998, éruption de grande ampleur qui a tenu en haleine toute la population de l’île de La Réunion pendant 196 jours sans interruption, soit plus de 6 mois !
Remarquons que toutes ces trois éruptions mémorables se sont produites au mois de mars à chaque fois. Faut-il y voir un signe ?
L’éruption volcanique du piton de la Fournaise du lundi 9 mars au lundi 21 septembre 1998 s’était déroulée dans et en dehors de l’enclos Fouqué, côté Sainte-Rose durant 196 jours sans interruption ! Les fissures se situaient sur les flancs nord et ouest-sud-ouest du Volcan à 2 450 et 2 200 mètres d’altitude et sur les hauteurs du petit village de Bois-Blanc à Sainte-Rose à 2 050 mètres d’altitude.
Après six années de sommeil, de 1992 à 1998, le Volcan s’était mis à cracher de la lave à partir du 9 mars 1998 sur le flanc nord du piton de la Fournaise. Très vite, un piton et un cratère se formaient, le piton Kapor et le cratère Maurice et Katia Krafft. Du 12 mars au 1er avril 1998, une autre éruption s’était produite sur le flanc ouest-sud-ouest du Volcan donnant naissance au cratère Fred Hudson (Gendarme mort sur le Volcan en 1993 dans l’exercice de ses fonctions). D’après l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise (OVPF), les deux éruptions étaient indépendantes l’une de l’autre.
Après une accalmie, la lave n’était plus visible car elle circulait dans un tunnel souterrain depuis le cratère Kapor. Début juillet, la lave refaisait surface dans la partie basse de l’enclos Fouqué et après quelques phases d’avancées et d’arrêts, elle s’était immobilisée à 2,5 mètres de la route le 4 août 1998.
L’activité volcanique et le trémor se déplaçait ensuite en dehors de l’enclos Fouqué au niveau du Nez Coupé de Sainte-Rose. À partir du 9 août 1998, de nouvelles fissures s’ouvraient dans ce même secteur donnant naissance à quatre coulées de lave mais certaines d’entre elles tombaient en cascade dans l’enclos depuis le haut du rempart de Bois-Blanc avant de s’immobiliser quelques kilomètres plus bas.